1/ Le DIGCOMP
Suite au constat que: 40% des européens ont un niveau insuffisant de compétences numériques et parmi ceux qui n’en ont aucune (soit 22%) 42% sont sans emploi (CE, 2016a : 3) , la commission européenne a impulsé une politique de développement des compétences numériques pour ses citoyens. La compétence numérique peut être définie comme « l’usage sûr et critique des technologies de la société de l’information (TSI) » (CE, 2006 : 7).
Depuis 2010, le Centre commun de recherche de la Commission européenne met en place un cadre de référence en travaillant sur la recherche de définitions communes et la prise en compte de l’évolution rapide du numérique.
La recherche de compétences consensuelles, clairement définies et basiques laissent penser que ce cadre de références sera durable dans le temps.
Après la consultation de centaines d’experts et la construction de plusieurs versions, le cadre DIGCOM 2.1 (CE, 2017) est désormais opérationnel. Il intègre les niveaux de compétences du Cadre européen des Certifications (CEC). Le CEC étant adopté par tous les pays européens pour rendre les formations et certifications lisibles et compréhensibles par tous (par exemple pour l’Europass CV).
Pour nos élèves et étudiants, cela signifie que ces compétences seront reconnues à l’échelle européenne, favorisant de fait leur mobilité scolaire comme professionnelle.
Le DIGCOMP comprend 21 compétences regroupées en cinq champs de compétences.
Littératie de l’information et des données
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Communication et collaboration
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Création de contenu numérique
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Sécurité
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Résolution de problèmes
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Pour chacune des 21 compétences, un système de gradation permet d’évaluer votre maitrise (du niveau 1 au niveau 8). L’obtention de points lors d’un examen de certification permet de passer d’un niveau à un autre.
Le système rappelle beaucoup les certifications standardisées de maitrise de langues comme le TOEIC ou le TOEFL. Il ne s’agit pas juste d’un curseur global acquis / non acquis mais d’une évaluation fine sous forme de niveau pour chaque compétences (de 1 à 8) et de points pour le niveau global.
2/ Le CRCN
Le cadre de référence des compétences numériques (acronyme de CRCN) est la transposition en droit français du DIGCOM européen. Cependant il ne s’agit pas d’une transposition parfaite puisque le DIGCOM comporte 22 compétences alors que le CRCN n’en compte que 16 et que le cadre européen comporte 8 niveaux de maitrise alors que le cadre français est limité à 6 niveaux.
On peut légitimement penser que le CRCN s’adaptera au cadre européen en intégrant les 6 compétences et 2 niveaux de maitrises manquants.
Le CRCN privilégie clairement dans une approche transdisciplinaire en s’inscrivant dans le socle commun de connaissances, de compétences et de culture (pour rappel: le livret scolaire de 6 à 16 ans décliné sous forme de savoirs transdisciplinaires) et en s’inscrivant dans les programmes disciplinaires (dont les Arts Appliqués) où chacune des compétences numériques du CRCN peut être acquises et exploitées.
Cette approche transdisciplinaire est essentielle pour comprendre l’absence d’enseignement dévolu à ces compétences numériques. Aucune de compétences numériques visées par le CRNC ou le DIGCOM n’est clairement attribuable à une discipline spécifique. Par exemple, la compétence « Mener une recherche ou une veille d’information » du champ « Information et donnée » du CRCN peut très bien être mise en oeuvre en français, en LV1 ou en Arts Appliqués.
En se projetant un peu, on peut imaginer que nos programmes d’Arts Appliqués intégreront des compétences numériques du CRNC (sans doute en réutilisant les mêmes termes) et des compétences numériques propres à la discipline (« Analyser l’influence du numérique sur les champs des métiers » pour l’ONL des STD2A ou « Acquérir des images » pour les Taches Professionnelles des BAC PRO CVPM).
Le CRNC sera utilisé tout au long de la vie de chaque citoyen, de l’école maternelle jusqu’à son insertion professionnelle. Il se substitue à l’ensemble des dispositifs précédents: que ce soit le brevet informatique et internet (B2i) pour les niveaux école, collège et lycée ou à la certification informatique et internet (C2i) pour le postbac. Depuis 2019, il y a 2 moments de bilans (un en CM2 et un en 6ème) et 2 moments de certification: en fin de collège et en fin de lycée (pour le BAC et les formation Post BAC dispensé en lycée). Pour les certifications, il n’y a pour le moment pas d’exigence dans le niveau attendu (vous devez juste valider le premier niveau de chaque niveau) mais elles sont indispensables à l’obtention du Brevet des Collèges et du Baccalauréat. Le livret scolaire de l’élève porte la mention de la certification obtenue.
Cette volonté d’un cadre unique implique que tous les niveaux scolaires sont concernés: du CAP jusqu’au Master. De plus la certification obligatoire à chaque diplôme (Brevet et Bac pour le moment) rend l’acquisition de ses compétences numériques indispensables pour les élèves. Enfin, on peut facilement imaginer que l’absence de niveaux attendu ne soit qu’une étape vers une exigence quantifiée (pour Parcoursup, postuler à certains emplois ou certains diplôme par exemple).
3/ PIX
La structure PIX a été conçue sous le statut de Groupement d’Intérêt Public, un statut particulier ne pouvant pas avoir de but lucratif et devant servir une mission de service public mais ayant des règles souples de gestion (grande autonomie, échanges entre public et privé…). Il s’agit d’un statut assez ancien (1982) souvent utiliser dans la recherche scientifique. Il est sous la tutelle de plusieurs organes d’état: le ministère de l’Education Nationale, le ministère de l’enseignement supérieur, des universités et le CNED.
L’implication du Ministère de l’enseignement supérieur et des Universités peut nous laisser penser que PIX sera aussi utilisée dans le secondaire (par exemple, avec certification exigée à chaque diplôme?)
Initiée en 2016, la structure PIX a été portée par la direction interministérielle du numérique (Dinum) dans le cadre d’une politique de Start Up d’état (FAST). Parmi les conditions de création de PIX, nous pouvons retenir le fait de n’utiliser que des logiciels libres ou encore de respecter parfaitement le RGPD. Son budget de fonctionnement conséquent et son autonomie permet à PIX d’être très réactif aux problèmes (avec parfois plus de 200 modifications par jours)
Dans son cahier des charges initial, PIX devait résoudre les l’échecs du B2i et du C2i. Leurs problèmes étaient alors que chaque établissement était formateur et certificateur (c’est à dire juge et partie). En conséquence beaucoup de personnels de directions et des profs principaux ne refusaient pas le Bac ou le Brevet si les élèves ne maitrisaient pas les compétences numériques réelles.
On voit bien ici que les diplômes nationaux (Brevet et Bac pour le moment) ne seront délivrés que si les candidats ont pu certifier leur niveau informatique via PIX (au même titre que la carte d’identité ou le recensement par exemple).
De plus les établissements manquaient de moyens informatiques et humains pour la mise en place de cette certification. La plateforme PIX consomme peu de ressources informatiques (encourageant très fortement le « BYOD » c’est à dire Bring Your Own Device ou en français « AVEC » pour Apportez Votre Equipement personnel de Communication) et permet aux élèves de se tester en autonomie que ce soit dans les phases d’apprentissages ou de certification.
Vous trouverez tous les détails concernant l’usage de la plateforme PIX dans l’article consacré dans la page précédente.